Por las calles de Valparaiso

Du port, les plus durs voiliers partirent à la conquête des baleines. D’autres navires mirent le cap sur l’or de la Californie. Les derniers traversèrent les sept mers pour recueillir plus tard dans le désert chilien le nitrate qui gît comme la poussière infinie d’une statue démolie sous les étendues les plus sèches du monde. Ce furent là les grandes aventures. Valparaiso scintilla dans la nuit de l’univers. Du monde et vers le monde surgirent des navires pavoisés, beaux comme des colombes de rêve, des bateaux parfumés, des frégates affamées que le Cap Horn avait retenues plus que de raison... Souvent les hommes à peine débarqués se précipitaient sur la pâture... Jours féroces et fantastiques où les océans ne communiquaient que par le lointain détroit de la Patagonie. Temps où Valparaiso payait en bonne monnaie les équipages qui la souillaient et qui l’aimaient.

Pablo Neruda