Los gatos de Valparaiso

dans l’intempérie quand tu passes tu poses quatre pieds délicats sur le sol; reniflant , te méfiant de tout ce qui est terrestre car tout est immonde pour le pied immaculé du chat.

Oh fauve altier de la maison, arrogant vestige de la nuit paresseux, gymnaste, étranger chat profondissime chat police secrète de la maison insigne d’un velours disparu évidemment il n’y a aucune énigme en toi: peut-être que tu n’es pas mystérieux du tout qu’on te connaît bien et que tu appartiens à la caste la moins mystérieuse peut-être qu’on se croit maîtres, propriétaires, oncles de chats, compagnons, collègues disciples ou ami de son chat. Moi non. Je ne souscris pas. Je ne connais pas le chat. Je sais tout de la vie et de son archipel, la mer et la ville incalculable, la botanique, la luxure des gynécées, le plus et le moins des mathématiques, le monde englouti des volcans, l’écorce irréelle du crocodile, la bonté ignorée du pompier, l’atavisme bleu du sacerdoce mais je ne peux déchiffrer un chat. Ma raison glisse sur son indifférence ses yeux sont en chiffres d’or.

Pablo Neruda